NOTRE COMMUNE HUMANITÉ NOUS RASSAMBLE!

Je pleure et suis désespéré. Parmi les douze victimes décomptées de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, deux au moins étaient des amis chers, Cabu et Bernard Maris. Tous étaient au même titre engagés pour que se manifestent et se développent les aptitudes qui fondent le mieux l’humanité de nos semblables : la liberté de penser, de créer, de critiquer, de se moquer. Cela vaut aussi bien pour les collaborateurs du journal que pour les policiers qui leur permettaient de travailler, malgré des menaces qu’ils connaissaient et auxquelles ils étaient déterminés à ne pas céder. De façon plus démonstrative encore, les quatre caricaturistes-journalistes vedettes de Charlie Hebdo [Cabu, Charb, Tignous et Wolinski] ont été nommément appelés, désignés et exécutés par les assassins. Ceux-ci voyaient sans doute en eux des adversaires particulièrement redoutables puisqu’ils mettaient un talent remarquable au service de l’humanité en l’homme : leur vrai adversaire. L’humanité niée et massacrée Je pleure et suis désespéré, c’est moi-même, comme des dizaines de millions de Français, des centaines de millions d’Européens, des milliards d’humains, dont l’humanité est niée et massacrée. Cependant, à travers mes larmes et du fond de mon désespoir, je suis aussi plus mobilisé que jamais et aimerais que ce fût vrai aussi pour tous mes compatriotes. Nous ne savons en effet pas toujours ce qui nous rassemble tant sont diverses nos analyses et nos opinions, nos croyances et nos convictions. Cet après-midi, la réponse apparaît dans son évidence : ce qui nous rassemble, c’est notre commune humanité, elle à qui les assassins ont déclaré une guerre impitoyable. Elle est riche et puissante, cette commune humanité, elle nous donne le courage nécessaire pour défendre la liberté. C’est elle qui l’emportera en fin de compte, bien sûr, sans rien renier de ses convictions et de ses valeurs. Il existe des situations rares où un slogan remplace de longs discours. Nous en vivons une aujourd’hui : vive la liberté ! Axel Kahn, essayiste - Le 7 janvier 2015

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